Dépassement du délai d’engagement : quelles conséquences pour le marchand de biens ?

En tant que marchand de biens, vous bénéficiez d’un régime de faveur qui réduit fortement les frais de notaire lors de vos acquisitions. Cet avantage fiscal est toutefois conditionné au respect d’un engagement de revente ou de construction dans un délai.

Alors, que se passe-t-il si votre projet prend du retard ? Quelles sont les conséquences concrètes d’un dépassement du délai d’engagement ?

Dans cet article, nous faisons le point sur les conséquences d’un dépassement de vos délais d’engagement dans vos opérations de marchand de biens.

Pour optimiser la gestion de votre activité, il est vivement conseillé de faire appel à un expert-comptable spécialisé dans l’activité des marchands de biens.

Dans cet article

1. Rappel du régime de faveur applicable

Lorsque vous achetez un bien immobilier en tant que marchand de biens, vous pouvez bénéficier d’un taux réduit de droits d’enregistrement, aussi appelés frais de notaire.

Deux régimes existent :

 

Type d’engagementTaux applicableDélai
Engagement de revendre (article 1115 du CGI)0,715 %5 ans
Engagement de construire (article 1594-0 G du CGI)Droit fixe de 125 €4 ans

Ces régimes vous permettent de réduire vos frais d’acquisition par rapport au taux normal d’environ 5,80%. Mais pour conserver cet avantage, aucun retard n’est permis car le non-respect du délai entraîne la perte du régime de faveur.

Retrouvez notre article complet sur les frais de notaires des marchands de biens.

2. Que se passe-t-il en cas de dépassement du délai ?

2.1 Le principe

Le texte est clair : « La déchéance est encourue du seul fait que les biens acquis n’ont pas été revendus dans le délai de cinq ans. » (BOI-ENR-DMTOI-10-50 70).

Autrement dit, l’avantage fiscal disparaît dès que le délai est dépassé même s’il ne manque que quelques jours.

Vous devrez alors régler :

  1. Un rappel de droits complémentaires : correspondant à la différence entre les droits au taux réduit (0,715 %) et ceux au taux normal (environ 5,80 %) ;

  2. Des intérêts de retard : calculés à 0,20 % par mois à partir du mois suivant la fin du délai.

Attention : ces sommes doivent être reversées dans le mois suivant la rupture de votre engagement.

Exemple :

Vous achetez un immeuble à 400.000 € avec un engagement de revente sous 5 ans. Les droits payés à l’achat s’élèvent à 0,715 %, soit 2.860 €.

Si vous revendez au-delà du délai, vous devrez régulariser :

  • Droits complémentaires : 400.000 × (5,80 % – 0,715 %) = 20.340 €

  • Intérêts de retard : environ 0,20 % par mois, soit près de 1.800 € au bout d’un an.

  • Résultat : plus de 22.000 € à verser au Trésor public.

2.2 En cas de revente partielle

Vous réalisez une vente à la découpe et n’avez pas pu céder tous les lots dans les 5 ans ?

« Lorsqu’à l’échéance du délai de 5 ans, l’engagement de revendre n’est respecté que pour une fraction du bien sur lequel il portait, l’acquéreur est redevable des droits dont il a été dispensé, ainsi que des frais et intérêts de retard qui en résultent, à hauteur de la différence entre le prix auquel il avait acquis le bien et le prix auquel a été vendu la (ou les) fraction du bien pour laquelle l’engagement a été respecté. » (BOI-ENR-DMTOI-10-50 §110) :

Ainsi :

  • Si la somme des prix de vente des lots revendus dans les 5 ans est supérieure au prix d’acquisition global, vous conservez le bénéfice du régime de faveur ;

  • Aucune régularisation n’est due, même si certains lots restent invendus à la date butoir.

Assiette du redressement en cas de revente partielle (ventes à la découpe) :

Prix d’acquisition de la totalité du bien – Prix de vente des lots revendus

2.3 En cas de ventes successives entre marchands de biens

Vous rachetez un bien à un autre marchand de biens déjà sous engagement de revente ? Dans ce cas, le délai ne repart pas à zéro.

Le délai initial reste rattaché à la première acquisition ayant bénéficié du taux réduit. Et c’est le propriétaire à la date d’expiration du délai qui sera redevable du complément de droits et des intérêts de retard.

Exemple :

A achète en 2020 avec un engagement de revente.
Il revend en 2023 à B, marchand de biens également.
Si le bien n’est pas revendu avant 2025, B devra régulariser les droits, même s’il n’a détenu le bien que deux ans.

3. En conclusion

Le régime de faveur sur les droits d’enregistrement est un levier d’optimisation incontournable dans votre activité. Mais il repose sur une condition simple : le respect des délais.

Chaque opération doit donc être planifiée en amont : financement, durée des travaux, délai de commercialisation… car le temps joue contre vous.

Fintaé vous accompagne dans votre activité de marchand de biens

Prenez rendez-vous dès aujourd’hui pour un accompagnement personnalisé.

Image de Julie LE ROY
Julie LE ROY

Experte-comptable et fondatrice de Fintaé

Voir tous les articles
Logo fintae blanc

Fintaé est un cabinet d’expertise comptable.
Nous serons ravis de vous accompagner et de répondre à vos besoins pour votre activité de marchand de biens.

Découvrez nos autres articles
travaux second oeuvre

Travaux de second œuvre : quand un immeuble devient-il fiscalement neuf ?

Dans cet article, nous vulgarisons ces règles issues du BOI-TVA-IMM-10-10-10-20 afin de vous aider à comprendre quels travaux peuvent déclencher ce changement de statut.
gros oeuvre ciment

Travaux de gros œuvre : quand un immeuble devient-il fiscalement neuf ?

Dans cet article, nous vulgarisons ces règles issues du BOI-TVA-IMM-10-10-10-20 afin de vous aider à comprendre quels travaux peuvent déclencher ce changement de statut.
délai marchand de bien

Dépassement du délai d’engagement : quelles conséquences pour le marchand de biens ?

Dans cet article, découvrez les conséquences du dépassement du délai d’engagement dans vos opérations de marchand de biens.